Chez les patients atteints de sclérose en plaques, la dégénérescence des neurones est particulièrement avancée (taux importants de déchets neuronaux dans le sang) quand des anneaux noirs, traces d’une forte inflammation active, sont détectés à la périphérie des plaques observées sur les coupes cérébrales à l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique).
Cette corrélation a été mise en évidence par une étude internationale dirigée par le Dr. Pietro Maggi, avec notamment le concours des universités et hôpitaux universitaires de Lausanne et Bâle en Suisse, puis de l’UCLouvain et des cliniques universitaires Saint-Luc en Belgique. Ces dernières ont communiqué ce lundi leurs résultats. Maladie inflammatoire chronique qui s’attaque au système nerveux central (cerveau et moelle épinière), la sclérose en plaques touche près de 12.000 personnes en Belgique. Elle peut entraîner différents troubles neurologiques, visuels, sensoriels, de l’équilibre, moteurs ou cognitifs. C’est la deuxième cause de handicap après les accidents de voiture chez les jeunes adultes.
Depuis une dizaine d’années, grâce à une technique d’IRM à haute sensibilité (avec un codage spatial en résolution submillimétrique 3D), des anneaux noirs signes d’une inflammation chronique active ont été mis en évidence à la périphérie des plaques chez plus de 50% des malades. Ces derniers souffrent d’une forme sévère de sclérose en plaques. L’anneau noir observé est en fait constitué de cellules de l’inflammation, comme par exemple de phagocytes, qui ont migré à la périphérie de la plaque, s’y sont amassés et s’attaquent avec virulence aux neurones.
L’étude a inclus 118 patients atteints de scléroses en plaques, certains présentant des lésions avec des anneaux d’inflammation chronique, d’autres des lésions inflammatoires sans anneaux noirs, qui ne sont donc pas à un stade d’inflammation chronique active. Pour ces dernières, les cellules de l’inflammation peuvent être moins nombreuses et dispersées à l’intérieur des plaques parce que l’inflammation en est encore à un stade précoce ou bien parce que l’inflammation est tombée et a laissé place à des processus de réparation cicatricielle. Chaque patient a été soumis à un examen IRM et à une prise de sang.
La technique d’imagerie cérébrale avancée a été couplée avec la mesure dans le sang du taux de neurofilaments, des protéines normalement présentes à l’intérieur des neurones. Cela nécessite le recours à un analyseur exécutant un dosage SIMOA (Single Molecule Array), qui utilise une plaque de puits ne pouvant accueillir chacun qu’une unique molécule. Il existe seulement deux machines du genre en communauté française, dont celle récemment acquise par les cliniques universitaires Saint-Luc et qui servira notamment aux recherches qui découleront de cette étude.
« Cette technique a été utilisée dans des maladies neurologiques pour démontrer une perte neuronale, comme dans la maladie dégénérative d’Alzheimer », explique le responsable de l’étude, Dr. Pietro Maggi, chef de Clinique adjoint du service de neurologie aux cliniques universitaires Saint-Luc. « Pour la sclérose en plaques, elle a déjà été utilisée pour montrer que des malades avec des formes sévères avaient un taux de neurofilaments dans le sang plus important, mais c’est la première fois qu’elle est mise en rapport avec l’inflammation chronique au niveau cérébral. C’est l’association la plus forte jamais trouvée au niveau statistique, quand on regarde les variables mesurées en lien avec l’augmentation des neurofilaments dans le sang, ce qui veut dire que ces lésions chroniques actives ont un rôle primordial dans la neurodégénérescence ».
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